« Nous avons également élu un Vice-Président, car cet élu se montrait très actif et constructif. C’est notre doyen qui a plus de 90 ans !»
Pourriez-vous vous présenter ? Professionnellement ? Personnellement.
Je suis actuellement Directrice Générale Adjointe au sein du Syndicat Départemental d’Energies de l’Yonne. J’ai plaisir à travailler avec un Président dynamique, dans cette structure publique, peu connue des citoyens, qui est pourtant un outil essentiel afin de garantir l’accès à l’électricité pour tous. J’associe aujourd’hui mon envie de façonner nos territoires, et celle de travailler en équipe avec les femmes et les hommes qui contribuent à ce changement. Je suis passionnée par l’humain et les relations humaines. Toutes les sciences cognitives, techniques de communication, techniques de motivation et d’engagement, me servent au quotidien.
Aujourd’hui, quel âge avez-vous ? Quel est le rapport que vous avez avec le fait de prendre de l’âge ?
J’aurais 36 ans en 2024. J’ai l’impression d’être à un âge charnière, dans la fenêtre (trop étroite) où l’on commence à avoir de l’expérience sans être encore vue comme trop couteux pour l’employeur. La question du rapport à l’âge s’est très vite posée sur mon premier poste, à 25 ans, lorsqu’on m’a demandé d’encadrer des personnes qui étaient dans la collectivité bien avant moi, et qui avait le double de mon âge. Et il m’arrive de me dire que je pourrais me retrouver également avec un ou une supérieur(e) plus jeune que moi un jour. L’important, c’est la compétence de la personne, ce qui lui donne sa légitimité. En collectivité publique, nous avons aussi la particularité de travailler avec des élus. Ce sont souvent des personnes retraitées, dynamiques et investies dans la vie de leur territoire. Nous rencontrons peu de problèmes de confrontation générationnelle. Dans l’ensemble nos élus sont ouverts, par exemple aux nouvelles modalités de travail, comme le télétravail.
Comment vous sentez-vous à votre âge en général ? Et au sein du SDEY en particulier, une collectivité ?
J’aimerais citer le Chat de Geluck « Vieillir s’est embêtant, mais c’est la seule façon de vivre longtemps ». « Vieillir s’est embêtant » ramène aux stéréotypes liés à la vieillesse (douleurs, maladie, perte d’autonomie, de mémoire). La question devient donc comment je peux prévenir ces situations pour vivre pleinement plus longtemps. Ici, le vieillissement a une connotation négative. Or nous n’avons pas ce genre de comportements chez les animaux. Les individus les plus âgés sont ceux qui guident le groupe, qui connaissent les points d’eau, qui sont la mémoire des rites de génération en génération. Ce sont eux qui assurent la pérennité de l’espèce. Cela pourrait nous interroger sur notre vision de la vieillesse en France. Quant au SDEY, c’est une collectivité relativement jeune, avec un âge moyen des agents de 44 ans.
Est-ce que cela fait partie d’une politique QVT ? RSE / Politique Seniors ?
Cette année, nous avons prévu plusieurs actions pour rappeler aux agents de prendre soin de leur capital santé, même sur un emploi non « physique ». Le travail sédentaire entraine lui aussi des problèmes sur le long terme. C’est pourquoi une Ergonome interviendra dans nos locaux dans le 1er semestre de l’année, afin de rappeler les bons gestes pour prévenir les problèmes posturaux, la fatigue oculaire etc.
Certaines collectivités, comme le Conseil Départemental de l’Yonne proposent par exemple des sessions de sport sur la pause du midi. Nous n’avons pas de postes manuels dans notre structure, mais ceux-ci nécessitent une réelle anticipation, afin de prévoir du tutorat entre jeune et moins jeune, car ce sont des métiers qui peuvent être très impactant pour le corps.
Y a-t-il une politique Seniors ? politique de management intergénérationnel ? Et si oui, comment cela se passe-t-il ? Quels sont les effets sur vous et/ou sur les seniors du Syndicat ?
Il n’y a pas (encore) de politique séniors formalisée. C’est pour l’instant le rôle du manager de créer les conditions de transmission des connaissances aux plus jeunes à l’intérieur de ses équipes. Cela permet aussi d’asseoir la reconnaissance des plus jeunes vis-à-vis des plus âgés. Nous nous apercevons que les personnes approchant de la retraite ont la mémoire des dossiers, du contexte des dossiers. Dans tous les cas, au sein du SDEY, les managers veillent à créer les conditions d’interactions constructives entre tous les membres de leur équipe, de tout âge. Et nous continuons de former nos agents, même à la veille de leur départ en retraite.
Si vous deviez donner des conseils aux plus jeunes qui nous lisent ? Professionnellement ? Personnellement ? Femmes ? Hommes ?
Je dirais que la première qualité pour rester « jeune », c’est la curiosité. Rester curieux de tout. J’ai par exemple une personne de plus 60 ans qui est moteur au sein de la collectivité sur l’écriture inclusive. Nous avons également élu un nouveau Vice-Président, car cet élu se montrait très actif et constructif. C’est notre doyen qui a plus de 90 ans !
Une autre bonne habitude à développer au quotidien serait de voir les situations de façon de positive. Porter son attention sur les éléments positifs nous aide à voir de plus en plus positif autour de nous. Toute situation, a priori compliquée, apporte alors son lot d’apprentissages et d’expériences.
Quelles seraient les thématiques que vous aimeriez bien voir pour être informée, conseillée ? Par quel média ?
J’aimerais une réelle approche sur la question de l’âge dans le code de la fonction publique territoriale (CGFP), car nous sommes pour l’instant « cantonné » au statut de la fonction publique, assez rigide.
Aujourd’hui, nous disposons de quelques outils pour accompagner les évolutions de carrière, qui peuvent s’adapter aux séniors (mutation interne, disponibilité) mais qui restent lourds en termes de mise en place. Par exemple, pour passer un poste à 80%, cela nécessite un avis du Comité Social Territorial, avant une délibération devant l’assemblée délibérante, une ouverture de poste…