« Mon livre met en lumière le potentiel souvent ignoré des seniors et démontre que la réussite n’a pas d’âge. »
Est-ce que vous vous pourriez vous présenter ? Personnellement ? Professionnellement ?
Bonjour, je m’appelle Philippe Andres et j’ai 72 ans.
Je suis ingénieur de formation, et titulaire d’un MBA de l’IAE de Paris avec un parcours professionnel diversifié, partagé entre Orange et les ministères parisiens.
J’ai occupé divers postes au sein d’Orange, allant de fonctions opérationnelles (Directeur Régional) à des fonctions purement fonctionnelles (Marketing, Finance).
J’ai dirigé jusqu’à 2500 personnes.
Parallèlement à ma carrière chez Orange, j’ai effectué plusieurs passages dans les ministères. Notamment à la Direction du Budget.
J’ai ensuite été conseiller technique puis directeur adjoint de cabinet du ministre Gérard Longuet.
J’ai également été directeur d’administration centrale au ministère de l’Industrie puis au ministère des Finances.
J’ai terminé ma carrière chez Orange en tant que responsable de la gestion des 1000 principaux cadres du groupe et mon expertise en gestion des cadres dirigeants m’a amené à gérer les rémunérations, les bonus, et même le premier plan de stock-options du Groupe.
En 2012, j’ai été nommé représentant d’Orange en Amérique du Nord, basé à New York.
Cette expérience m’a permis de découvrir la culture américaine et de comprendre les différences de fonctionnement du monde des affaires.
Après mon expérience américaine, à la retraite, j’ai décidé de rester à New York et de créer mon propre cabinet de conseil B2In Consulting, dans lequel nous conseillons les entreprises et les particuliers dans des domaines variés, tels que le développement commercial, l’analyse de marché, la stratégie d’entreprise et la mise en œuvre de projets. Ca peut aller d’une mission de conseil pour une SSII, comme un coaching d’accompagnement d’une actrice française qui souhaite développer son activité à New York.
J’écris également pour le Petit Journal de New York.
Et je suis l’auteur du livre « 30 moyens d’être célèbre après la retraite » qui met en lumière des personnalités ayant accompli des exploits remarquables à un âge avancé, démontrant ainsi qu’il n’y a pas d’âge pour se dépasser et réaliser ses rêves.
Aujourd’hui, vous avez 72 ans, quel est le rapport que vous avez avec le fait de prendre de l’âge ?
D’une manière générale, je m’inquiète de l’impact de l’actualité négative grandissante et de la surinformation sur le moral des individus, les conduisant parfois à un sentiment de peur et de pessimisme.
Je déplore également la focalisation de la société sur la jeunesse pouvant négliger la richesse et la contribution des seniors.
Alors que je crois aux bienfaits vertueux d’une attitude positive et proactive pour bien vieillir quel que soit l’âge qu’on a.
Il est important de se donner les moyens et j’ai très envie de contribuer à donner un impact positif sur le fait de prendre de l’âge.
Je suis un fervent défenseur de l’apprentissage tout au long de la vie pour éviter de devenir obsolète (le fameux principe de Peter). Ce n’est pas parce que vous êtes diplômé d’une des plus grandes écoles que vous n’avez pas besoin de vous former.
Je suis également partisan du maintien d’une activité après la retraite, qu’elle soit professionnelle, bénévole ou associative, pour lutter contre les effets délétères de l’inactivité sur la santé physique et mentale.
Et au sein des fonctions que vous avez occupées en particulier ? Est-ce que vous diriez que cela fait partie d’une politique QVCT / RSE ?
Je vais parler de mes expériences chez Orange, dans divers ministères et dans mon activité actuelle de consultant. Je crois que pour des raisons économiques, certaines entreprises peuvent rechercher la main d’œuvre jeune, moins coûteuse et perçue comme plus flexible et adaptable aux nouvelles technologies. Cette vision conduit parfois à une mise à l’écart des seniors, perçus comme moins performants et plus coûteux.
Cependant, j’ai pu observer une évolution positive, poussée certainement par des démarches RSE, la lutte contre les discriminations et l’allongement de la durée de vie professionnelle.
Par exemple, chez Orange pour répondre aux besoins changeants de l’entreprise, Michel Bon, ancien PDG d’Orange, avait instauré une règle encourageant la mobilité géographique ou la reconversion professionnelle pour les salariés, tous âges confondus. Cette règle visait à offrir des perspectives d’évolution tout en s’adaptant aux nouvelles réalités du marché.
Cependant, comme vous le savez, les difficultés rencontrées pour la reconversion de certains profils, notamment les techniciens, vers des métiers plus commerciaux ont parfois mené à des situations de souffrance et de burn-out, mettant en évidence la nécessité d’un accompagnement personnalisé et de solutions plus souples.
Orange avait également mis en place des programmes de mentoring, associant jeunes talents et seniors expérimentés, favorisant ainsi la transmission des compétences et la création de liens intergénérationnels.
Vous avez écrit le livre « 30 moyens d’être célèbre après la retraite, Super Agers ou la fin du « jeunisme » », pourriez-vous nous dire comment vous est venue cette idée, quelles en ont été les motivations ?
Ce livre est né d’une expérience personnelle qui m’a profondément interpellé.
Un matin, je suis réveillé par un appel de la police de New York qui m’explique que mon fils, adolescent de 15 ans, prend des risques inconsidérés en escaladant des gratte-ciels à New York et en se filmant. Tout ceci bien sûr, pour gagner en notoriété sur les réseaux sociaux.
J’ai été frappé par l’inconscience de cette quête de célébrité tellement précoce. Pour nous, plus âgés, quand la notoriété apparait, elle prend généralement sa source après des années de travail. Alors que là, l’objectif était clair, il fallait faire du buzz.
Cette réflexion m’a conduit à m’intéresser aux parcours de personnalités qui, à l’inverse de mon fils, ont accédé à la notoriété à un âge avancé, après la retraite. C’est ainsi qu’est née l’idée de ce livre qui met en lumière le potentiel souvent ignoré des seniors et démontre que la réussite n’a pas d’âge.
Par le biais de biographies inspirantes, je souhaitais montrer à mon fils, et à tous les jeunes, qu’il est possible de se réaliser pleinement à tout âge et qu’il n’est jamais trop tard pour poursuivre ses rêves.
Mon objectif est également de transmettre un message d’espoir et d’optimisme, en encourageant les seniors à ne pas se laisser enfermer dans une vision limitante du vieillissement et à exploiter leur potentiel jusqu’au bout.
Comme je suis passionné par la littérature et la réflexion philosophique, j’ai adoré découvrir et mettre en lumière des parcours atypiques et souvent méconnus, démontrant ainsi que la vie ne s’arrête pas à la fin de sa carrière professionnelle.
Je les appelle les « Super Agers », et je veux démontrer que la réussite n’a pas d’âge, qu’il est possible de se distinguer et d’avoir un impact positif sur le monde, même après 60 ans.
On voit que l’expérience, la sagesse et la persévérance sont des atouts précieux qui peuvent mener à la réussite, même à un âge avancé.
Il ne s’agit pas nécessairement de devenir une star mondiale, mais de trouver sa propre voie et de s’épanouir pleinement, en exploitant son potentiel et en poursuivant ses passions.
Si vous deviez prodiguer des conseils aux plus jeunes, aux seniors qui nous lisent ?
Au niveau individuel, je dirai :
- Maintenir une activité stimulante : C’est essentiel pour préserver sa santé physique et mentale, lutter contre l’ennui et entretenir un réseau social.
- Cultiver une discipline de vie : une hygiène de vie alliant une alimentation saine, une activité physique régulière, la pratique de la méditation et du yoga, et une gestion efficace du stress.
- Nourrir sa curiosité intellectuelle : L’apprentissage tout au long de la vie est essentiel. J’encourage tout le monde à s’ouvrir à de nouveaux domaines, à lire, à se former, à rester curieux et à lutter contre la rigidité intellectuelle.
- Trouver un sens à sa vie : Au-delà de l’activité, trouver un sens profond à son existence, une mission qui nous anime et nous donne envie de nous lever chaque matin.
- S’adapter aux changements et aux nouvelles technologies : Le monde évolue rapidement, et il est important de rester ouvert aux changements, y compris technologiques. et à ne pas hésiter à demander de l’aide pour les maîtriser.
Au niveau des entreprises pour promouvoir une culture inclusive et valorisante, je dirai :
- Reconnaître la valeur de l’expérience des seniors : dépasser les préjugés liés à l’âge et reconnaître la valeur de l’expérience, du savoir-faire et du réseau des seniors.
- Favoriser la transmission des compétences : Mettre en place des programmes de mentoring, associant seniors et jeunes recrues, permettrait de créer des liens intergénérationnels et de faciliter le partage des connaissances.
- Offrir un accès équitable à la formation continue : investir dans la formation continue des seniors pour leur permettre de se maintenir à niveau, d’acquérir de nouvelles compétences et de rester motivés.
- Encourager l’implication des seniors dans la gouvernance : Nommer des seniors à des postes d’administrateurs dans les filiales ou les conseils d’administration leur permettrait de partager leur vision globale de l’entreprise et de contribuer à la prise de décision stratégique.
- Valoriser les compétences des seniors dans des rôles de formateur, coach ou mentor : Encourager les seniors à partager leur expertise en interne, par le biais de formations, de coaching ou de mentoring, contribuerait à leur épanouissement professionnel et à la transmission des savoirs au sein de l’entreprise.
Plus globalement, je proposerai aussi de :
- Mettre en avant des modèles inspirants : je crois au pouvoir de l’exemple. Partager des témoignages de personnes ayant réussi à s’épanouir et à se réaliser à un âge avancé, pour inspirer les autres et démontrer qu’il n’y a pas d’âge pour poursuivre ses rêves.
- Utiliser les nouveaux médias : Les réseaux sociaux, les podcasts et autres plateformes numériques sont des outils puissants pour diffuser des messages positifs sur le vieillissement et toucher un large public.
- Créer des espaces de dialogue et d’échange : Encourager les échanges intergénérationnels, organiser des conférences, des ateliers et des événements pour partager des expériences et des réflexions sur le bien vieillir.
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Et son livre « 30 moyens de devenir célèbre après la retraite » sur : https://www.fnac.com/ia16268/Philippe-Andres